"Eldorado" de Laurent Gaudé...abécédaire

A comme...Adieu : “Nous allons laisser derrière nous la tombe de nos ancêtres. Nous allons laisser notre nom. Ce beau nom qui fait de nous ici des gens que l’on respecte. La ou nous irons, nous ne seront rien. Des pauvres. Sans histoire. Sans argent”.

B comme... Boubakar : “Boubakar veut que je coure et je courrai. Et s'il m'appelle, s'il me supplie, je ne me retournerai pas. Je n'entendrai même pas ses cris. Je vais me fermer aux visages qui m'entourent. Je vais me concentrer sur mon corps. Le souffle. L'endurance. Je serai fort. C'est l'heure de l'être”.

C comme... Collier : “C’est alors que Jamal enlève de son cou un collier et me le tends. Je ne bouge pas. Je suis sans force. Il me le mets doucement autour du cou. C’est un collier de perles vertes. J’ai toujours vu mon frère avec.” Plus qu’un souvenir, c’est une promesse...une promesse de survivre, une promesse de réussir, pour son frère et avec une partie de lui qu’il emporte dans ce collier.

D comme...Dattes : “Je pose les dattes dessus. Ces fruits resterons ici plus longtemps que nous. Je voudrais qu’ils y restent pour l’éternité. Je voudrais être sur sur que dans dix ans, dans vingts ans,lorsque je reviendrai avec toi dans cette maison, nous pourrons nous assoir côtes à côtes et manger ces dattes que nous avons laissé”.

E comme...Eldorado :”L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant”...

F comme...Frontières : “Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcement abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans la moindre difficulté mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.”

G comme...Génération : “Nos enfants ne seront nés nulle part. Fils d’immigrés là où nous irons. Ignorant tout de leur pays. Leur vie aussi sera brûlée. Mais leurs enfants à eux seront saufs. Je le sais. C’est ainsi. Il faut trois générations. Nos enfants n’auront pas ces armes. Alors oui, il faut espérer que nos petits-enfants seront des lions au regard décidé”.

H comme...Honte : “Les rites que nous leur enseignerons les ennuiront. La langue que nous leur parleront leur fera honte. Nos habits. Notre accent. Ils voudront se cacher de nous. Et nous le sentirons. Car il nous arrivera nous même de vouloir nous cacher.”

I comme ...Illusion : Malheureusement,  les migrants sont bien souvent enrôlés par des trafiquants, des passeurs qui abusent de leur naïveté et de leur peur pour leur saisir des sommes d’argent faramineuses pour un voyage aux conditions précaires dont ils n’ont jamais la certitude d’arriver indemnes.

J comme...Jamal :Je ne t'oublie pas Jamal. Je vis pour toi, pour toi seul qui aurait pu boire l'océan et dois rentrer piteusement dans ta niche pour y mourir. Je pense à toi que j'ai vu, une fois au moins, face à moi, fort et heureux de liberté”.

L comme...Laideur : “ Je suis laid et ne mérite rien. Les chiens sur le bord de la route détournent la tête pour ne pas me voir. Ils vomissent et s’enfuissent en courant. Je ne suis plus rien. Plus rien qui vaille d’être sauvé.”

M comme... Mort : “Plus tard, ils avaient essayé à nouveau, répétant qu'il ne fallait pas garder de morts sur le bateau. De quoi parlaient-ils ? Ce n'était pas un mort qu'elle tenait dans ses bras, c'était son enfant. Elle ne comprenait pas”.

N comme...Naufrage :”Quel étrange métier... Nous sauvons des vies. Nous partons à la recherche d'hommes perdus qui se noieraient sans notre aide ou crèveraient de faim, des hommes qui nous espèrent de toute la force de leur vie et dès que nous les trouvons, chacun se regarde avec crainte”.

O comme...Ombres : “Ces ombres ne disent rien. C'est à travers elles que Massambalo voit le monde. Il voit ce qu'elles regardent. Il entend ce qu'elles écoutent. A travers elles, il veille sur les centaines de milliers d'hommes qui ont quitté leur terre. Ces ombres sont toujours en route. On ne les voit qu'une fois. Le temps d'une halte. D'un voyage”.

P comme...Peur :”La peur toujours. Cette peur avec laquelle nous vivons. D'être à nouveau trompés. D'échouer. Que la vie s'amuse à nous renverser à nouveau. La peur qui ne nous quitte plus.”

Q comme...Quand? : 3 semaines? 3 mois? 3 ans? “quand” c’est la question qui revient tout le temps, dans les esprits, les murmures et les cris. dans combien de temps, cet enfer d’incertitude se terminera-t-il?

R comme...Rêve : “Mais il y avait l'Eldorado tout de même, et il ne pouvait s'empêcher d'y rêver. La vie qu'il attendait ne lui offrirait ni or ni prospérité. Il le savait. Ce n'est pas cela qu'il cherchait. Il voulait autre chose. Il voulait que ses yeux brillent de cet éclat de volonté qu'il avait souvent lu avec envie dans le regard de ceux qu'il interceptait”.

S comme... Solitude: “Le temps de l'assaut , nous allons devenir des bêtes. Et cela, peut-être, fait partie d voyage. Nous éprouverons la violence et la cécité. La fraternité est restée dans le bois. Nous lui tournons le dos. C'est l'heure de la vitesse et de la solitude”.

S comme... Soleiman : “Je suis Soleiman, le misérable frère de Jamal. Celui qui gît sur la grève sans bateau. Celui qui saigne et qui va être laissé là, comme mort avec pour seule richesse sa rage et sa douleur”.

T comme... Terre promise : Souvent l’Europe est vu par les migrants comme une oasis inespérée. Un endroit ou tout homme est libre et en sécurité, protégé par la loi. Un portrait quelque peu utopique à cause de la prise en charge et l’intégration des migrants souvent très longue et douloureuse.

U comme...Urgence : Rien qu’en 2015, plus de 3000 migrants sont mort en essayant d’attendre l’Europe. Ceux qui atteignent la terre ferme  attendent parfois des années dans des conditions précaires pour enfin  recevoir de l’aide. Il serait tant que les autorité prennent conscience de l’état d’urgence que représente la situation des migrants.

V comme...Volonté: “Je sens une force sourde qui monte en moi. Je ne dormirai plus la nuit. Je me nourrirai de ver. Je serai dur à la tâche et infatigable comme une machine. On pourra m'appeler "esclave", je n'en aurai cure. La fatigue pourra me ronger les traits, je n'en aurai cure. J'ai hâte. Je suis une boule dure de volonté et rien ne me fera dévier de ma route”.

W comme...West  :

X comme...Xénophobie :

Y comme...Yeux : “ ceux qui se sont perdus trop longtemps et qui, faute de vivres ou faute de force pour continuer à ramer, gisent au fond de la barque, les yeux ouverts sur le vent  qui les a perdu”.

Z comme...Zelfana : “Si il était vraiment si riche, aurait il pris ce misérable camion pour rentrer chez lui? Vivrait il quelque part entre Zelfana et Ouargla, dans ces villages de rien ou la poussière fait tousser les chèvres?”