Pierre et Jean (Guy de Maupassant)

Auteur: Guy de Maupassant
registre: Drame, famille, rivalité, littérature classique
âge: Lecture étudiante


 Résumé :


         C'est au havre, qu'un couple de commerçants parisiens s'est retiré pour une retraite à la campagne.
Leurs deux fils, Pierre et Jean, vivent des désaccords quotidiens , attisés par une rivalité très accentuée par leur portrait éponyme.
Les deux frère ne se portent pas d'affection particulière mais ne ressentent pas de mépris l'un pour l'autre.
             Le calme de la vie familiale est cependant troublé le jour, ou le Maréchal, un ami de la famille décède en laissant toute sa fortune à Jean, le cadet et rien à l’aîné.
Alors que les parents du jeune homme semblent ravis pour lui, Pierre en revanche semble perplexe quand à cet héritage tombé du ciel en faveur de son cadet.
Une traque s'en suit, en quête de la vérité sur l'origine et la raison de ce don, qui fera resurgir du passé, un secret troublant qui pourrait bien expliquer cette mystérieuse différence entre Pierre et Jean.


Mon avis...


         Pierre et Jean, a été une lecture assez difficile pour moi. Non pas par le niveau d'écriture , tout a fait accessible mais plutôt par la cruauté de l'intrigue.
Nous avons accès à travers une narration impersonnelle aux pensées des personnages ainsi que leur évolution tout au long du roman.
        C'est ainsi que nous assistons, avec la passivité obligée d'un simple témoin, à la destruction morale de toute une famille qui se retrouve brisée. L'écartement progressif et l'exclusion définitive d'un de ses membres énonce parfaitement le mécanisme si cruel de l'héritage dans une famille d'où l'importance de l'équité dans uns situation réelle.
L'un possède tout, tandis que l'autre se retrouve démunis de ressources.
Une réelle confrontation entre les deux protagonistes s'effectue tout au long du roman, portant sur la rivalité dans le domaine financier, sur la réussite sociale mais également sur la passion amoureuse et sur l'amour familial, confrontation d'autant plus déchirante puisque le même frère ressors vainqueur dans tout les domaines.


       Le roman, repose sur une dimension manichéenne, développé par l'auteur de manière toute a fait réfléchie. Les personnages de Pierre et Jean apparaissent ainsi complètement opposés.Une opposition qui fera l'objet de nombreuses études psychanalytiques reposant notamment sur la théorie du double, développée par Maupassant dans son futur roman "le Horla".


Ainsi, Pierre et Jean sont les deux faces d'une même personne avec le bon et le mauvais coté d'un individu.
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Les personnages...


       Jean est le cadet de la famille et pourtant celui qui porte la fierté de ses parents, notamment dans la réussite de brillantes études d'avocat. Décrit comme un être doux, calme et d'une humeur toujours plaisante, il semble également  avoir un physique attrayant avec une chevelure blonde et une silhouette bien formé.  Il semble être dés le départ le "fils modèle" aux yeux des autres membres de la famille et  demeure également le
favori dans le cœur de Mme Rosemmilly qui attise l’intérêt des deux frères.

        Devant la révélation du secret de sa mère, il garde une attitude posé et compatissante envers elle , ce qui le place définitivement dans le rôle du "bon fils". Plutôt doux et naïf tout au long du livre, il va cependant faire éclater sa colère près de l'épilogue, trouvant même un stratagème pour éloigner son frère de la famille et ainsi mettre fin au duel incessant entre les deux frères.


         Bien qu'il ai gagné l'amour de Mme Rosemillly ainsi que  la situation sociale aisée d'un riche bourgeois, il est cependant destiné au même sort que son  "père" adoptif, soit un homme naïf vivant dans l'ignorance de la tromperie de son épouse qui depuis longtemps se sera lassée de lui.  (étude menée par Freud, sur la théorie de transmission de caractères similaires de génération en génération, soit l'étude de la génétique, caractéristique du roman réaliste).


       Pierre est l'aîné des deux frères. D'une silhouette frêle, avec des cheveux noirs, il a suivis de nombreuses voix d’étude avant de finalement obtenir un diplôme de médecin. D'une nature assez colérique et  impatiente, il semble l’opposé de Jean. Il est également le personnage que nous suivons le plus.  Nous assistons à ses tourments quand à  la recherche incessante de la vérité. A Son désespoir et sa colère devant l'injustice dont il a été victime et enfin à sa jalousie grandissante envers son frère qui a une situation bien meilleure que la sienne.


       Alors que ses pensées négatives remplies d'amertume et de haine le présentent clairement comme l'antagoniste du livre, il est intéressant de remarquer que la plupart des lecteurs semblent porter d'avantage d’intérêt  à ce personnage.
On ne peut qu’être touché devant le malheur de cet homme, devant son évolution qui le mène progressivement  vers une vie de solitude et de tourment. De plus, il semble également porter une réflexion très juste et perspicace jusqu'à la fin du roman allant même jusqu'à déduire la futur condition de mari délaissé de son cadet.


      Il se dévoile complètement à la découverte du secret de sa mère, qu'il condamne comme une infamie l'amenant à tourmenter celle ci pour lui faire payer sa "trahison". Il est d'autant plus cruel de souligner qu' il apparaît malgré l'illégitimité de son frère, comme le réel bâtard de la famille, le mal aimé, le mauvais qui doit sortir du cadre familial pour que a paix revienne.
C'est ainsi que son exclusion définitive bien qu'elle le conduise vers une vie de vagabondage, semble être la seule solution pour résoudre la situation de conflit.


Mme Rolland, la mère des deux frères est un personnage important dans le roman, puisqu'elle détient dés le premier chapitre, la vérité découverte par Pierre à son insu sur l'illégitimité de son cadet Jean, qui n'est que le fils de son  amant le-dit Maréchal qui a léguer sa fortune. Alors qu'elle apparaît comme une femme sereine, une mère aimante au début du roman, elle devient peu à peu, troublée, voir tourmentée par le mépris de Pierre à son égard.   Alors qu'elle se rapproche de son fils Jean qui prends soin d'elle avec une dévotion sincère, elle désire de plus en plus  se séparer définitivement de Pierre qui ne fait que lui rappeler sa tromperie et qui réveille en elle un sentiment de culpabilité qu'elle ne peut supporter.


           Elle est aussi comme Pierre, destinée à un sort bien cruel puisqu'elle sera sans cesse tourmentée par  la perte d'un fils qu'elle aime malgré tout et qu'elle ne pourra oublier malgré ses tentatives pour effacer ce passé. Elle est dans son cœur responsable du malheur de son enfant, sentiment qui constitue sans doute la plus grande souffrance pour une mère.


           Freud a également émis une hypothèse sur la relation particulière subsistant entre Jean et sa mère. Celle-ci voit en ce nouvel homme, celui qu'elle a aimé,  le regard qu'elle porte à présent sur son fils n'est plus seulement celui d'une mère mais également celui d'une femme qui retrouve un amant perdu. Certaines phrases très explicites ne font que confirmer cette théorie:


"Si je t'aime tant toi...toiplus que ton frère, c'est parce-que tu es son fils à lui"


"Je t'aime parce-que tu es son enfant...si tu veux que je reste, il faut que tu acceptes d'être son fils et que nous parlions de lui quelques fois et que tu l'aime un peu et que nous pensions à lui quand nous nous regardons". (Mme Rolland à Jean).


De toute évidence, la "morale" du livre exprime tout le caractère dramatique développée dans ce roman de Maupassant:


"La boucle est ainsi bouclée: Le bâtard a perdu sa mère, mais l'enfant de l'amour qui l'a retrouvé, ne profitera pas longtemps de son bonheur, Jean se condamne lui même à subir le sort de père Rolland: il sera cocu à son tour comme Pierre l'a prédit, et le roman familial recommencera".

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